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  • Une  urgence sanitaire se profile à l'horizon du continent africain : l'amenuisement des anti-venins aux morsures de serpents.

 

En cause, le laboratoire pharmaceutique Sanofi, qui a décidé de mettre un terme à la production d'antidote. Coût de production trop élevé, baisse de rentabilité, chute des ventes... La situation est  critique.

 

Chaque année, 120.000 personnes environ meurent à cause des reptiles dans le monde.  Dont une grande partie en Afrique.

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En Afrique, une pénurie d'antivenin est annoncée d'ici fin 2016. Les organismes sanitaires tirent la sonnette d'alarme


Serpents :


L'Urgence rampante

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Médecins Sans Frontières lance l’alerte


Une « véritable crise sanitaire ». C’est l’expression employée par le Dr Gabriel Alcoba, le référent spécialiste des morsures de serpents à MSF. « Pourquoi les gouvernements, les sociétés pharmaceutiques et les organismes de santé mondiale se défilent quand nous avons le plus besoin d’eux? »

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Entretien avec Jean-Philippe Chippaux, directeur de recherches à l'Institut pour la Recherche et le Développement (IDR).

Vous vous trouvez actuellement au Bénin. Pouvez-vous résumer en quelques chiffres la crise sanitaire liée au morsures de serpents en Afrique sub-saharienne?


En Afrique sub-saharienne, 315.000 patients par an se rendent dans des centres de santé pour se faire traiter suite à une morsure. Ce chiffre est bien-sûr sous-évalué. Nombre de victimes ne vont pas à l’hôpital mais chez un praticien, et ne sont donc pas répertoriées. Au total, on estime à 1 million par an le nombre de morsures de serpents sur le continent. Et à 30.000 le nombre de décès. "


Peut-on réellement parler de pénurie d’antivenin?

 

" La pénurie n’existe pas n'est pas seulement liée à l’arrêt d’un anti-venin. Ca, c’est une perspective que Médecins Sans Frontières a lancé il y a quelques mois. Le vrai problème dure depuis 25 ans. Son noeud, c’est l’accessibilité des anti-venins. Ils sont produits à base d’anticorps d’animaux, et c’est un processus relativement coûteux. Ce sont les patients qui achètent leurs médicaments. Pour ça il leur faut une ordonnance, le coton, la piqure… En tout, ça fait 240 euros. Pour des gens qui gagnent en moyenne 30 euros par an, cherchez l’erreur. La situation s’est dégradée à partir de l’initiative de Bamako."

L’initiative de Bamako?


" L’initiative de Bamako, c’est un accord conclu entre les Etats sous la pression des organisations internationales : le patient doit payer tout ce qui relève de la délivrance des médicaments. Dans les années 70, c’était gratuit. Et parallèlement, cela coûtait de plus en plus cher aux Etats. Du fait de la crise, il a été décidé au début des années 80 que ce serait les patients qui payeraient. Les Etats se sont clairement défaussés sur le patient. "

Pourquoi Sanofi a-t-il décidé de stopper la production de son antivenin?


" Sanofi s’est retrouvée face à deux problèmes. Un produit à 120 euros, alors que des concurrents ont fait des produits à peu près de même qualité à 30-40 euros. Et le deuxième obstacle, il vient du fait que Sanofi produisait un antidote liquide. Or, il faut le garder dans un frigidaire et des frigidaires, et il n’y en a pas dans les dispensaires de brousse. Les concurrents fabriquent des produits lyophilisés, donc beaucoup plus faciles à conserver. "

Avez-vous vu venir cette situation d’urgence?


" Depuis très longtemps, je m’attends à ce problème là. Je sais que l’accessibilité est compliquée. Je teste les anti-venins concurrents pour proposer aux populations des produits corrects. Je fais mes essais cliniques avec des anti-venins gratuits. L’idée que nous avons, c’est de faire financer les antivenins par des subventions. Des Etats, des collectivités locales, des entreprises privées… Le Burkina Faso a décidé de subventionner à 95% les antivenins, le patient paye 3 euros. Le Togo les subventionne lui à 60%. Il faut maintenant réussir à étendre ces initiatives. "


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  • Une  urgence sanitaire se profile à l'horizon du continent africain : l'amenuisement des anti-venins aux morsures de serpents.

 

En cause, le laboratoire pharmaceutique Sanofi, qui a décidé de mettre un terme à la production d'antidote. Coût de production trop élevé, baisse de rentabilité, chute des ventes... La situation est  critique.

 

Chaque année, 120.000 personnes environ meurent à cause des reptiles dans le monde.  Dont une grande partie en Afrique.

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"Pourquoi les gouvernements, les sociétés pharmaceutiques et les organismes de santé mondiale se défilent quand nous avons le plus besoin d’eux? "

 

Dr Gabriel Alcoba, référent médical spécialiste des morsures de serpents à MSF.

DIAPORAMA : Les serpents les plus dangereux d'Afrique sub-saharienne

Plusieurs types de venin, un seul traitement possible


Il s’agit de différencier les types de venins en deux catégories principales. D’un côté, celui des mambas et des cobras, qui est dit "neurotoxique". En d’autres termes, il s’attaque directement au système nerveux. Le poison paralyse le système respiratoire, et entraîne souvent la mort par asphyxie entre une et six heures après la morsure. De l’autre côté, le venin de la vipère, qualifié d’hémorragique. Il provoque une hémorragie qui peut causer la mort en seulement quelques jours, ainsi que des oedèmes et des nécroses.  Dans les deux cas, l’injection la plus rapide possible d’un antivenin reste la solution la plus efficace.


Apprendre à se protéger,

                        Apprendre à se soigner

Pour beaucoup d’Africains victimes de morsures de serpents, leurs maux ne sont pas causés par la nature. Souvent, ils croient en l’existence d’un esprit malin, d’une présence maléfique qui serait responsable de leur condition. Ils se rendent alors chez un guérisseur, dans l’espoir qu’il pourra conjurer le sort. Ou alors chez un praticien, qui pourra éventuellement leur conseiller de se rendre à l’hôpital. Le délai dans la prise en charge par des structures compétentes peut alors leur être fatal.


Pour se soigner, les Africains ont aussi tendance à utiliser un remède discutable, appelé la pierre noire. En lieu de pierre il s’agit en fait d’un morceau d’os brûlé, censé absorber le poison par les pores. Mais son efficacité est presque nulle : seul un millième du venin serait ainsi expurgé. Il s’avère que la pierre noire absorbe davantage de sueur et de sang. Et que de toute façon le venin si répand si rapidement dans l’organisme qu’il n'est plus localisé près de la plaie au moment de l’application.


Une méconnaissance de l’attitude à adopter


"Ce sont des gens qui ont très peu accès à l’information, et qui ne sont donc pas au courant de la procédure à adopter en cas de morsure", explique Xavier Bonnet, chercheur au CNRS spécialisé en herpétologie. "Souvent, ils se font un garrot ou étalent de la bouse de vache sur leur plaie. Deux attitude à ne surtout pas adopter : la première conduit à la concentration de venin dans une zone du corps, la seconde à l’infection."


La grande majorité des morsures a lieu pendant les travaux agricoles. La plantation représente un repère parfait pour le serpent. De l’ombre, de la nourriture. Et des travailleurs.


Le ramassage du bois, la chasse et les travaux dans les champs sont responsables de 85% des morsures. Mais les Africains sont aussi mordus dans leur sommeil : 10% des victimes sont endormies lorsque le reptile passe à l’attaque. "Le plus souvent, le siège de la morsure se situe au niveau du pied ou de la jambe", explique Jean-Philippe Chippaux. "Il faudrait orienter les campagnes de prévention sur ce point, afin que que les gens apprennent aussi à se protéger eux-mêmes".

Louis-Valentin Lopez